Qu’as-tu fait de ton frère ?

L’association " Vivre au Peu", un refuge pour des personnes en difficultés.

Louis Braud et sa femme Anne-Marie ont arrêté leur exploitation agricole en 1991. Louis qui avait alors 56 ans et Anne-Marie ont trouvé une autre raison de vivre pour réparer un peu les dérives de la société. En allant vivre pendant 4 ans avec les compagnons d’Emmaûs à la communauté de Mauléon 79 cela a semblé tout naturel pour ces deux Maulévrais, chrétiens engagés dans d’autres mouvements catholiques comme le CMR ( Chrétiens en monde rural) le CCFD, comité catholique contre la faim et pour le développement, ou dans le syndicalisme.
Après cette période intense, le couple est revenu à Maulévrier tout en continuant le bénévolat

Aujourd’hui, Louis Braud préside une association " Vivre au Peu" filiale d’Emmaûs.. Elle reçoit 13 personnes dans le cadre d’un accueil qui deviendra "pension de famille" après agrément de l’Etat. Ce public, composé de 12 hommes et une femme de 60 ans de moyenne d’âge, a connu la rue et les structures d’hébergement. Parmi eux, 9 sont d’anciens compagnons d’Emmaüs ayant travaillé à Mauléon ou dans d’autres centres. Avec pour objectif d’accueillir 22 résidents

Mais depuis janvier 2017, l’association a obtenu un agrément pour devenir un CAO , un centre d’accueil et d’orientation pour migrants. Voici l’intervention de Louis à la dernière assemblée générale en mai 2018 : " Que s’est-il passé d’important en 2018 ? C’est l’arrivée de 11 réfugiés ( Afghans et Pakistanais). Quelle différence avec nos résidents habituels plus âgés ! L’on peut comprendre la méfiance de certains villageois devant l’arrivée soudaine de ces jeunes venus d’Asie." Le prêtre ouvrier, un pilier de la communauté portant barbe blanche, nous a même révélé que des villageois avaient préparé leur fusil. Les craintes légitimes ont été vite balayées car ces nouveaux arrivants n’avaient qu’un souhait : se faire accepter. Les migrants participent un peu à la vie associative des commune environnantes.

Pour faire fonctionner quotidiennement l’association, il y a 4 salariés dont Anne Tessier, la coordinatrice, et Patrick Poisson, l’agent d’entretien que l’on voit travailler dans son atelier( voir photos).

Une vingtaine de bénévoles vient régulièrement au Peu. Ils aident à préparer les repas du midi avec les résidents, assurent les transports pour la banque alimentaire, les démarches administratives, les rendez-vous médicaux, le jardinage ; l’accompagnement des sorties collectives, les cours de français etc... C’est l’occasion de rencontres qui peuvent être riches sur le plan humain.

Le conseil d’administration doit penser les transformations et les projets immobiliers. Ainsi, un bâtiment d’élevage a été converti en maison d’habitation où actuellement, 5 jeunes migrants ( un Saharoui et 4 Soudanais) résident. La salle à manger de l’association était une ancienne grange. D’autres projets sont en cours pour la construction et l’amélioration de l’habitat, et ce pour un budget avoisinant 1 million d’euros.
" Qu’as-tu fait de ton frère ?" C’est la question posée par Louis Braud et sa femme qui ont mis en oeuvre ces paroles tirées de l’évangile : "Vraiment, je vous le dis, autant de fois que vous l’avez fait au moindre de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait"