Troisième dimanche après Pâques

avril 2020 pendant le confinement

Voici une méditation envoyée par le Père Michel Eloundou sur le 3ème dimanche de Pâques, dimanche spécial confinement. ( Je rappelle que le Père Michel vient aider pendant les weekend notre curé Maurice Sanou.)

Après le beau récit de l’Evangile de dimanche dernier qui nous a présenté
Thomas l’incrédule devenu croyant, ou le doute et la peur exprimés qui
deviendront le douté apaisé et la peur chassée. C’est ainsi que nous avons
trouvons bon de qualifier cette partie de l’Evangile de Jean.

Pour ce dimanche, Jésus vient d’être crucifié à Jérusalem. Deux de ses disciples
partent de là pour aller à Emmaüs : dix kilomètres à pied, deux heures de
marche. Ils sont deux. A deux, c’est plus rassurant. Pourtant ils ont quand même
peur : à Jérusalem, on pourchasse tous les anciens disciples de Jésus. Ils ont
peur, et ils sont déprimés : avec la mort de Jésus tous leurs espoirs ont été
réduits à néant.

Deux heures avant d’arriver : sur le chemin, ils ont le temps de discuter entre
eux. Ils se disent l’un à l’autre leur tristesse. Ils avaient connu un homme
tellement bien. Il était formidable : proche des pauvres, des malades, des exclus.
Cet homme, ils l’ont suivi. Avec lui, ils avaient trouvé un sens à leur vie. Ils
avaient vu en lui un maître de sagesse, un maître à penser.
Lui qui connaissait si
bien les Écritures saintes, ils étaient prêts à le suivre jusqu’au bout. Mais leurs
chefs religieux en ont décidé autrement : ils l’ont fait condamner à mort. C’est
injuste !

Pour ces deux hommes en route vers Emmaüs, Jésus est mort.
Ils se confient mutuellement leur déception. Ils attendaient un messie, un vrai,
un homme fort qui libérerait leur peuple. Ils espéraient que Jésus libérerait le
pays de l’occupation romaine et établirait sur terre un règne de paix.
Mais quelle
déception : il ne s’est même pas défendu quand on l’a accusé à tort. Il n’a rien
fait pour échapper à une condamnation injuste, à une mort infamante. Ils
attendaient un libérateur, et ils ont vu un homme crucifié à coté de deux
brigands. Vraiment, il y a de quoi être déçu et désemparé !

Ces deux hommes parlent de Jésus au passé. Pour eux, Jésus est mort.
Bien sûr, il y a bien cette histoire que les femmes ont raconté ce matin, une
histoire drôle, incompréhensible, incroyable : elles n’ont pas retrouvé son corps,
et elles auraient vu des anges. Difficile de croire tout ça
, difficile de croire que
Jésus est vivant, simplement parce qu’elles n’ont pas retrouvé le corps. Et puis,
c’étaient des femmes… En tous cas, les hommes, eux, n’ont rien vu.
Et, pendant que ces deux hommes discutaient entre eux, Jésus marchait à leurs
côtés et les écoutaient.

Il est là, mais eux ne le voient pas, ils ne lui parlent pas : ils se parlent entre eux,
ils s’écoutent l’un l’autre. Ce sont des juifs pieux. Ils connaissent bien les
Écritures. Quand ils les lisent, c’est pour justifier leur engagement politique. Ils
se cherchent eux-mêmes. Et dans les Ecritures ils ne trouvent rien qui les aide.
Ils ont bien lu les Prophètes. Ils connaissent toutes les prophéties qui concernent
le Sauveur d’Israël. Mais dans ces prophéties, ils n’y ont vu que leurs propres
désirs de libération nationale
. Alors, que peuvent leur dire encore les Ecritures ?
Pourquoi continuer à les lire ?

Ils marchent toujours. Et au bout d’un moment, ils finissent par ne plus rien
avoir à se dire. C’est alors que Jésus prend la parole. Il s’adresse à eux. Il leur
explique les Écritures. Il leur explique ce qu’elles disent à son sujet. C’est une
prédication qu’il leur adresse. Et cette prédication brûle au-dedans d’eux.
Le soir tombe. Ils l’invitent à partager leur repas. Il accepte. Un morceau de pain
lui suffit. Et lorsqu’il le rompt, c’est là qu’ils le reconnaissent, et c’est alors qu’il
disparaît.

Il serait donc vivant ?
Les deux disciples sont passés du désespoir à l’espoir. Jésus a accepté de rester
avec eux. Ils ont communié avec lui, et leurs yeux se sont ouverts.
Alors ils retournent à Jérusalem. Maintenant, ils ont du courage : ils vont
pouvoir affronter le danger. Ils ont déjà le courage de refaire ces dix kilomètres
en pleine nuit !

Ayons ce courage durant ce temps de confinement. La peur que les apôtres ont
eue après la mort de Jésus est semblable à celle que nous avons face à cette
pandémie.
Mais gardons l’espérance que le Ressuscité viendra nous rejoindre
comme ce fut le cas avec les hommes dont nous parle l’Evangile d’aujourd’hui.
Saurons-nous le reconnaitre ? Voilà la question.
Bon dimanche à tous.
P. Michel