Edito du 5 avril du Père Matthieu Lefrançois

Fêter Pâques pendant la pandémie… indécent ou urgent ?

Quand les évêques ont invité à faire sonner toutes les cloches de nos églises en volée au moment de la fête de l’Annonciation, j’ai eu un doute… ne serait-ce pas le glas qu’il faudrait sonner pour honorer toutes les victimes du drame que nous traversons ? Est-il possible de partager la joie de notre espérance alors que tant de personnes sont en deuil ? et au début de cette semaine sainte, ne faudrait-il pas choisir la compassion silencieuse plutôt que la joyeuse annonce de Pâques ?

Dans la Bible, saint Paul nous invite à pleurer avec ceux qui pleurent. Il nous pousse aussi à annoncer le trésor de notre espérance : Christ a vaincu la mort une fois pour toute ! La maladie de la mort existe toujours mais elle n’aura pas le dernier mot. Car nous avons encore mieux qu’un vaccin : le Christ Jésus qui a plongé dans notre nature mortelle pour l’entraîner avec lui dans SA vie
qui n’a pas de fin !

Certainement, cette semaine sainte ne ressemblera pas aux précédentes : non seulement parce que nous ne la vivrons pas dans nos églises… mais surtout parce qu’elle va nous rejoindre avec encore plus de force et d’acuité au cœur de l’épreuve et du drame que nous vivons.

Jeudi saint, la fête du service et du don de sa vie par Jésus nous conduira à rendre grâce pour tant d’hommes et de femmes qui donnent leur vie au quotidien pour soigner, éduquer, visiter, nourrir ou protéger.

Vendredi saint, le chemin de croix et l’office du soir nous rappelleront que Dieu n’est étranger à aucune épreuve. Jésus crucifié continue de crier vers le Père
avec ceux qui se sentent abandonnés ou qui sont sacrifiés par les puissants.

Samedi saint, temps de silence et d’attente sera une occasion de méditer sur
le ralentissement que nous devons choisir. Pour notre terre et pour le genre humain grimpé sur un manège dont il ne sait plus comment descendre tellement il a accéléré.

Et le soir quand la nuit arrivera, nous allumerons des bougies au moment même où les prêtres béniront le cierge pascal, et toutes les cloches de nos églises sonneront la joie de la victoire. Christ est ressuscité ! Celui qui a subi l’injustice et la mort est vivant à jamais. Il est urgent de fêter Pâques, de revenir à la source de l’espérance.

Matthieu Lefrançois, curé

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